"Utiliser le drone pour collecter de la donnée en qualité pour les métiers, sans impact sur l’exploitation ferroviaire et en améliorant les conditions de sécurité et la productivité."
C'est de là que tout est parti...aujourd'hui, avec 50 salariés, 4 sites en France, 15 solutions d'inspection industrialisées, 3 prototypes industriels, 80 agents formés au pilotage de drones, une flotte de 36 drones, plus de 200 projets clients, 600 heures de vol, plus de 35 000 kilomètres inspectés, 1 logiciel développé, et 95% de nos clients satisfaits, nous avons connu un développement exceptionnel et nous avons bien fait évoluer notre offre.
Les possibilités sont infinies et nous avons encore de nombreuses innovations à proposer ! Mais avant de vous les dévoiler, on vous invite à découvrir la génèse de ce beau projet qui s'est concrétisé il y a 4 ans par le dépôt des statuts de la société ! 15 ans, 10 ans, 8 ans, 4 ans : comment on en est arrivé là ?
Episode 0 : Par où tout a commencé, il y a 15 ans
La rencontre de 3 cheminots chez SNCF Infra au sein d’un Département Technique de SNCF Infra (ex-Réseau, département IG-LG) composé d’experts dans le domaine de l’ingénierie de conception et de maintenance de lignes ferroviaires :
- Grégoire GOUSSU, le géotechnicien concepteur de LGV et aéromodéliste
- Nicolas POLLET, le géologue féru de management des risques et d’innovation
- Flavien VIGUIER, le géomètre-topographe du rail et passionné de LiDAR
En 2006, ils assistent aux premiers essais drones réalisés sur la ligne dite des Carpates (Bourg-en-Bresse à Bellegarde-sur-Valserine), alors fermée à la circulation (soit avant les travaux de modernisation ayant permis le passage des TGV vers la Suisse). L'objectif était de réaliser l'inspection des ouvrages d’art et ouvrages en terre avec le magnifique viaduc de Cize-Bolozon et le grand versant rocheux présent en continuité de la ligne.
Des essais ont également été réalisés en Ile-de-France pour l’inspection des cheminées d’aération du tunnel du RER E.
C'est la société Helios supervisée par les ingénieries techniques de Lyon et Paris de SNCF Infra (Alain MORICE, Patrick LACOMBE …) qui opérait avec le drone Infotron. Il s'agissait d'un drone à moteur thermique qui emportait un reflex numérique pour le processus de collecte de données.
L’échec de ces démonstrations a marqué les équipes SNCF, mettant en évidence la nécessité de développements techniques et réglementaires pour aboutir à une utilisation industrielle. Cette expérience a servi toute l’histoire qui s’en suit !
Episode 1 (10 ans) : Et si on achetait un drone ?
En France, 2011 marque l'arrivée de la première réglementation dédiée à l'usage des drones, les fabricants proposaient des « systèmes de drones » pouvant emporter une « charge utile » à opérer via une autorisation obtenue auprès de la préfecture, laquelle devait s’appuyer sur la Direction de la Sécurité de l'Aviation Civile).
En s’appuyant sur l’expérience de 2006, après un benchmark de l’écosystème drone (fabricants / opérateurs), la tentative de relance d’une expérimentation identique a été avortée constatant un manque de maturité technologique.
Flavien, Grégoire et Nicolas se sont donc lancés en mode « techno-push » avec leur premier drone Helipse HE190 opéré par Grégoire (le duo est toujours parfaitement fonctionnel !).
Rapidement, la vision fut posée : le drone est un outil pour collecter de la donnée en qualité pour les métiers, sans impact sur l’exploitation ferroviaire tout en améliorant les conditions de sécurité et la productivité.
Pour y répondre, ils ont adressé les métiers de la topographie et de la gestion des risques naturels : le démonstrateur.
Une opération marquante a eu lieu sur la tranchée rocheuse du Trayas dans le massif de l’Esterel sur la ligne ferroviaire reliant Marseille à Nice (nommée Marseille à Vintimille), dans le cadre du Projet de Fin d'Études de Leïla BAKKOUCH (début de notre long partenariat avec l’INSA de Strasbourg). Vous pouvez la découvrir en vidéo ci-dessous.
C’est l’époque de l’innovation réalisée « aux heures perdues » pour Flavien, Grégoire et Nicolas.
Un apprentissage permis par un management alliant confiance et exigence au contact de collègues bienveillants « les drones, ok, mais faut pas oublier ton job » (Alexandre NARCY, Bruno LANDES et Emmanuel MANIER).
C'est ainsi que le réseau Synapses des experts scientifiques et techniques du Groupe SNCF a vu le jour avec un mot d’ordre : « OSER ».
Pour projeter l’usage industriel de l’outil, les porteurs de projet intègrent un groupe de travail en émergence à la DGAC (Direction Générale de l'Aviation Civile), en préambule à une réglementation qui sera publiée en 2012.
Dès lors, la dynamique était lancée avec de nombreux échanges croisés, un partenariat avec EDF (Michel CHANAS, acteur structurant de toute la filière drone française, et Florian MAURIS) créant un duopole pivot pour le marché d’avenir. Ce fut le début de la phase d’exploration des usages.
Episode 2 (8 ans) : le prix et l’esprit d’entreprendre
Le démonstrateur validé, vient le temps de l’exploration élargie des cas d’usages sponsorisée par la Direction Technique de la maintenance du Réseau (André FAUVE-PIOT, Eric BIDON, Hugues GIGLEUX).
Grégoire, Nicolas et Flavien passent en mode projet, avec une ressource dédiée (Jérémy ZERBIB), un budget, un accompagnement et une méthode (Gilles SAUSSINE, Dominique LAOUSSE, Cédric BROGARD, Innovation & Recherche, tout le réseau Synapses des experts scientifiques et techniques de SNCF).
Concrètement, la méthode DKCP est déployée ( Armand Hatchuel et Benoît Weil - La théorie C-K, un fondement formel aux théories de l'innovation (archives-ouvertes) via le Mini-Lab Drone360 en open-innovation interne (métiers de la sûreté avec Michel ROUGET, de la maintenance matériel roulant …) et externe (EDF, DGAC, Delair, R&D Tech, SpirOps, SenseFly, ONERA, Fly’n’Sense, SWAT), jusqu’à la construction d’un Business Plan.
Au-delà du sujet abordé, l’originalité de l’approche par une ouverture forte au bénéfice des enjeux dépassant SNCF a marqué tous les contributeurs tandis que les pilotes ont reçu le prix Synapses 2013. Au cours de cette université réunissant tous les experts du réseau, un partenariat fut signé avec EDF pour mutualiser l’expérience et organiser l’expression de besoin vers la DGAC.
La restitution des travaux étant faite au sponsor de l’exploration, débute l’étape de rebond où il faut démontrer que la « graine » peut devenir une « belle plante ».
Les conditions de réussite : un sponsor, un financement et une équipe dédiée. Les lauréats quittent alors leurs habits de techniciens innovateurs pour ceux d’intrapreneurs convaincus, leur « deck » (dénommé THEIA) sous le bras.
Cette étape délicate doit sa réussite à des facilitateurs convaincus (leurs managers Alexandre, Bruno, Emmanuel – mais également Jean-Jacques THOMAS, André FAUVE-PIOT, Michel ROUGET, François MOREAU, Olivier BANCEL…).
Bernard SCHAER (alors Directeur de l’Ingénierie SNCF Réseau) leur dit « OK on y va » en mode intraentreprise et Stéphane VOLANT (Secrétaire Général de SNCF) « je vous soutiens » en client-sponsor via la Direction de la Sûreté (qui nous héberge) et SNCF Développement (qui nous accompagne – Cyril GARNIER).
L’aventure est partie ! Le 1er janvier 2014 naît le Pôle Drones, entité de l'ingénierie. Il fut directement localisé dans les locaux de la sûreté pour créer des synergies au sein du groupe et permettre l'émergence du drone pour le groupe.
La vision fut confirmée avec l’idée de favoriser l’émergence de solutions, outils et opérateurs, répondant aux besoins industriels (a minima surveillance d’infrastructures énergie et transport).
Le groupe de partenaires s’élargit avec l’intégration de RTE, Enedis, GRT Gaz et Engie, constituant un pool de donneurs d’ordre référents auprès de la DGAC (qui met en place le Conseil pour les Drones Civils dont nous intégrons le COMEX).
Des expérimentations (payantes !) furent menées avec RedBird, Azurdrones, Air Marine, Technivue …
L’équipe commença alors à croître avec de nouveaux arrivants : Oulimata DIA, Quentin LEMESLE, André PEREIRA) et à y croire. Un soutient inestimable dans ces phases d'innovation où les obstacles sont nombreux.
En mode agile (Conseil de Surveillance tous les trimestres), ils réalisent de nombreux prototypes et montent un accord-cadre avec la direction des Achats SNCF Réseau permettant de présenter aux opérateurs le niveau des exigences attendues (EDF en fait de même de son côté, sans atteindre le point de rencontre espéré par les opérateurs et les donneurs d’ordre).
4 temps forts ont donc structuré ce projet :
- 1. L'expérimentation médiatisée à Lavaur (cas d’usage lutte contre la malveillance de nuit) avec le constructeur DELAIR et le CNES : Un drône pour surveiller les voies ferrées (francetvinfo.fr)
→ Gestion en Live du terrain depuis un PC crise dépoté. - 2. L'expérimentation médiatisée sur le viaduc de Roquemaure (cas d’usage inspection d’un ouvrage d’art) avec les opérateurs Azurdrones, Diades et RedBird →Massification ordonnancée des captations
- 3. La collaboration avec Delair pour la conception du DT26 et achat de 3 systèmes.
→ Rédaction du cahier des charges par SNCF, aujourd’hui revendu à l’international
Le montage d’un partenariat R&D avec l’Office Nationale d'Etude et de Recherches Aérospatiales (ONERA).
→ Dont, le développement d’une méthode probabiliste de défaillance et de sureté des activités drones, reconnue par la Direction Générale de l'Aviation Civile (DGAC).
Episode 3 (6 ans) : du faire-faire au faire
Tout s’accélère avec la réalisation de nombreuses expérimentations (en propre ou via des opérateurs / constructeurs, toujours payants !) adressant méthodiquement tous les cas d’usages identifiés lors du mini-Lab Drones360.
L’équipe, se renforçant progressivement, elle pilote ces missions et teste les traitements de données afin de générer de la connaissance pour les métiers.
Elle s’équipe d’un drone plus agile avec le Falcon8 (piloté par Grégoire) ; se coordonne avec les ingénieries régionales SNCF Réseau sur Lyon (Alain MORICE, Jean-Luc BOYER) et Marseille (Jean-Michel PAIN, Stéphane GAILLARD) lançant leurs propres démarches avec du matériel (ah, l’Hexapix …). Le Pôle Drone déménage vers ses propres bureaux au 130 rue du Faubourg St-Denis (Paris 10).
Le DT26 se construit chez DELAIR et débute ses vols grâce au renfort d’opérateurs experts qui nous rejoignent avec l’appui d’Azurdrones (Bertrand CUSSINET, Fabien LACOME, Jean-Jacques LEYRIT, Pierre SERRES).
Un jour, il faudra raconter cette aventure collaborative partagée avec Benjamin BENHARROSH, Michaël DELAGARDE, Bastien MANCINI et Alexandre LAPANDRU autour de « popov » le premier DT26 a avoir volé correctement.
Tout n’a pas été simple, mais la motivation commune, l'envie d’être utile, mais parfois aussi la « folie » leur ont permis de grandir ensemble et de transformer une idée en produit. Selon Flavien VIGUIER "Faire une VEFA d’un drone était pour nous tous un pari, mais comme on dit la chance sourit aux audacieux".
Flavien ayant une relation étroite avec RIEGL, le développement d’un LiDAR de référence (VUX-1) puis du drone capable de le porter (Ricopter, fleuron de notre flotte, toujours en service) fut lancé. La donnée 3D agile est accessible et s’intègre au jumeau numérique de SNCF Réseau (piloté par Bruno LANDES).
Les interventions au sein du Conseil pour les Drones Civils, toujours en groupement avec les Grands Comptes, aboutissent à des évolutions réglementaires et de premières discussions au niveau européen.
L’exposition médiatique notamment via Paris Drone Festival sur les Champs-Elysées amène des contacts des 4 coins du monde cherchant à savoir comment on fait.
Un constat se dégage néanmoins dès 2015 - confirmé par une étude confiée au cabinet Oliver Wyman avec l’aide de SNCF Développement - le marché est prometteur mais prend du temps à se structurer, avec des enjeux de souveraineté (émergence de DJI / difficultés de PARROT / disparition de structures et conglomérats de petits opérateurs).
Le Pôle Drones qui a grandi jusqu’à 18 personnes toujours très soudées disposait de l’expertise et de l’expérience pour être l’acteur de référence dont le marché a besoin. Les sponsors y croient et la démarche de création d’Altametris fut lancée
Debouts, de gauche à droite :
Oulimata DIA, Elodie COURTIN#, Sergio REYES-CASTILLO, Nicolas POLLET#, Luck CRESSON#, Bertrand CUSSINET#, Flavien VIGUIER#, Nathalie CHATAIGNER#, Kévin SAVIN, Patrick OLIVIER, Jean-Jacques LEYRITZ, Fabien LACOME#, Jean-Michel PAIN#, André PEREIRA#.
À genou, de gauche à droite :
Pierre ASSALI#, Pierre SERRES, Grégoire GOUSSU#, Guilhem VILLEMIN#, Quentin LEMESLE#.
# Ceux toujours présents chez Altametris
Episode 4 (nos 4 ans) : industrialiser
Et nous voilà au 5 avril 2017, la date à retenir, où l’équipe (16 personnes) est en place dans la structure juridique opérationnelle. L’objectif change – il faut avoir des résultats pour faire tourner la société et disposer des ressources pour investir. L’équilibre est atteint au bout de 4 ans, en passant de 0 à plusieurs millions d’euros de CA.
Spin-off de SNCF Réseau, le Conseil de Surveillance évolue pour réussir l’industrialisation et la transformation des métiers par le digital – tout comme l'équipe équipe se renforce par des compétences nouvelles, en particulier dans le monde du logiciel et du machine learning.
La première offre installée – SOLUTIONS - consiste en des prestations de services en collecte et traitement de données par drone et hélicoptère (via partenaires).
D’abord focalisée sur la topographie et la sûreté / sécurité, l’offre s’enrichit en se spécialisant sur des lignes métiers (génie civil, équipements électriques, télécom …) pour apporter de la connaissance. Altametris se positionne dans le domaine du jumeau numérique, le Building Information Modeling et du Digital Asset Management.
L’expertise est également valorisée sous forme de prestations intellectuelles – SERVICES - sur la robotique / dronotique, ou bien encore l’IA.
Cela intègre en particulier le produit COMPAGNON, le drone sans souci utilisé par les métiers (plus de 80 utilisateurs au quotidien sur le Réseau Ferré National).
Et enfin, Altametris développe et met en service sa solution SaaS middleware – SUITE. Pour faire le lien entre les données collectées par toute solution agile (mobile, IoT) et les solutions EAM (Entreprise Asset Management type ERP), en s’interfaçant de manière souple dans une démarche SMART et vertueuse (digitaliser sans tout transformer). La boucle est bouclée, la performance assurée et l’avenir au prédictif !
4 ans pour installer une offre complète de produits sur le digital asset management, avec des réussites et des références, ainsi que des résultats financiers solides … par un engagement d’une équipe de 50 collaborateurs (après des arrivées et quelques départs) … avant d’enclencher un nouvel épisode … rendez-vous dans 4 ans ou avant 😉!
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